Ile-de-France - Construction

Le revival de la construction bois

Moins émettrice de CO2 et adaptée aux zones urbaines denses, la constructions bois a de beaux jours devant elle

Le revival de la construction bois Le bois améliore les performances thermiques de l’école maternelle Vincent-Auriol (Paris XIIIe) ©SEMAPA

Par Anne Thiriet

Le bois est aujourd’hui chouchouté par les pouvoirs publics pour sa forte capacité à stocker le dioxyde de carbone. Une large place lui a donc été accordée dans la RE2020, l’acronyme désignant la nouvelle réglementation environnementale qui s’applique aux bâtiments neufs depuis janvier 2021, et qui vise à intensifier la lutte contre le changement climatique. C’est que la France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050. Et la construction est un levier majeur pour atteindre cet objectif : les émissions des bâtiments, du secteur résidentiel comme du secteur tertiaire, représentent en effet un quart des émissions nationales de gaz à effet de serre.

Construction bois : 15 000 logements concernés

L’Agence régionale énergie-climat (Arec) s’est intéressée à son retour en grâce en Ile-de-France. Entre 2015 et 2020, 590 projets ont utilisé massivement le bois en structure, enveloppe, isolation et aménagements intérieurs et extérieurs, selon une enquête réalisée en partenariat avec l’association FIBois Ile-de-France, qui fédère les acteurs franciliens du bois et de la forêt. Ces 590 projets représentent 1,76 million de mètres carrés de surface de plancher. Plus de 15 000 logements ont été construits ou rénovés avec du bois.

Et la marge de progression est importante car l’ensemble ne compte que 4 % de part du marché de la construction. Mais 58 % de ces projets concernent la construction neuve (24 % l’extension-surélévation, et 19 % la rénovation), ce qui témoigne déjà d’un basculement.

Du bois pour le village olympique

Plusieurs exemples récents sont symptomatiques de la fascination pour ce matériau brut : il est bien sûr inclus dans la reconstruction de la charpente de la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui a partiellement brûlé le 15 avril 2019. Ainsi que dans la construction du village olympique prévu en Seine-Saint-Denis pour les Jeux olympiques de 2024. Dans le logement, on le trouve partout, aussi bien dans le collectif que l’individuel, dans les lotissements, les bâtiments d’enseignement, les bureaux et les administrations. Des projets de tours se dessinent, notamment la tour Wood Up de 17 étages dans le XIIIe arrondissement.

Importation massive

Le bois a bien des atouts pour répondre aux enjeux de nuisance dans des zones urbaines très denses, comme c’est le cas en Ile-de-France… Il réduit les émissions liées à la fabrication et au chantier. Léger, le bois s’adapte bien aux surélévations dans un espace contraint, ou aux constructions sur dalle au-dessus de voies routières et ferroviaires. C’est le cas à Poissy, avec l’ensemble ‘33 maisons sur les toits’. Il améliore les performances thermiques des bâtiments, comme c’est le cas à l’école maternelle Vincent-Auriol à Paris, et améliore l’isolation en complément d’autres matériaux comme la paille, le chanvre ou la ouate.

Des collectivités pionnières l’ont bien compris, comme Paris, Montreuil, Rosny-sous-Bois, Nanterre, Limeil-Brévannes, ainsi que la région elle-même. Cette dernière fait partie des signataires du pacte Bois-Biosourcés, qui se sont engagés à réaliser jusqu’à 40 % de leur production francilienne en bois et matériaux biosourcés d’ici 2026. L’Ile-de-France s’est fixé 20 % comme objectif dans les 4 ans pour des opérations de construction ou de réhabilitation des lycées en bois et matériaux biosourcés.

Un bémol cependant : la région francilienne importe son bois. “Le marché se base, pour l’heure, sur un approvisionnement extra-régional, la ressource locale – des feuillus à 94 % – n’étant pas valorisée de façon optimale”, note l’enquête de l’Arec. Pour combler ce manque, le dispositif Booster Bois Biosourcés a été créé en 2019 pour accompagner et structurer la filière. Et un appel à manifestation d’intérêt a été lancé en début d’année pour soutenir l’implantation ou le développement d’industries de transformation du bois.

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