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La gestion déléguée de l'assurance-vie

Pour faire prospérer au mieux son épargne, il est possible d’en confier la gestion à un expert. Quelques points sont à surveiller.

La gestion déléguée de l’assurance-vie © Freepik

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Souple, adaptable, fiscalement intéressante, l’assurance-vie reste le placement préféré des Français. Mais la faire fructifier peut demander des connaissances en matière financière que tout le monde n’a pas forcément. C’est là qu’intervient la gestion déléguée, qui permet de laisser la main à un mandataire chargé de veiller sur les marchés financiers et d’investir à la place de son client. Cette solution n’est cependant pas sans risque, car le conseiller n’a pas d’obligation de résultat. Il importe donc de se renseigner sur la composition du portefeuille et sur les frais de gestion, souvent élevés.


Chaque année, l’assurance-vie est désignée comme le placement préféré des Français. Et pour cause ; fiscalement intéressant, ce produit d’épargne a de quoi séduire : il s’adapte aux besoins de la personne qui l’a contracté ; il peut suffire à transmettre son patrimoine ; c’est aussi un outil pour constituer une épargne, la faire fructifier, ou pour financer un projet particulier. N’importe quelle personne majeure peut souscrire une assurance-vie. Aucun questionnaire médical n’est à remplir avant la signature, et il n’y a pas d’obligation de versement pendant la durée de vie de cette assurance. De plus, il est tout à fait possible de détenir plusieurs contrats, leur nombre n’étant, en principe, pas limité. Ce contrat souple est proposé par des acteurs traditionnels, comme les banques et les assureurs, mais aussi par des courtiers en ligne.

Facile à appréhender en apparence, l’assurance-vie est un peu plus difficile à manier lorsqu’il s’agit de la faire prospérer. “Pour aller chercher de la performance aujourd’hui, il faut aller sur les marchés financiers, ce qui nécessite du temps et quelques connaissances pour suivre ses investissements”, confirme Catherine Baudeneau, directrice marketing offre d’Altaprofits.

Le profil investisseur, un élément clé

Il existe deux grands types d’assurance-vie : le monosupport et le multisupport. Le premier est composé uniquement de fonds en euros tandis que le second comporte des fonds en euros et en unités de comptes, comme des actions et des obligations. Pour établir une stratégie d’épargne et choisir entre ces deux formules, la première étape est de connaître son goût pour le risque. C’est ce que les professionnels appellent le profil investisseur. “Nous devons déterminer le profil de risque de nos clients lors de la souscription d’une assurance-vie, conformément à la réglementation”, précise Julie Ruffin, responsable marketing de Bourse Direct.

Pour établir une stratégie d’épargne, la première étape est de connaître son goût pour le risque. C’est ce qu'on appelle le profil investisseur.

En effet, la directive européenne MIF II, entrée en vigueur le 3 janvier 2018, impose aux organismes financiers de bien connaître leurs clients avant de leur proposer tout placement financier. Un certain nombre de critères, tels que la situation familiale, le niveau de connaissance des marchés financiers, les objectifs de cette assurance-vie, sont pris en compte par le banquier, le gestionnaire en patrimoine, le courtier ou l’assureur. “Nous prenons aussi en compte l’horizon du placement et l’âge de l’investisseur”, ajoute Myriam Souveton, directrice marketing et communication de Carac. À l’issue de ce questionnaire, le profil investisseur est classé dans l’une de ces trois catégories : prudent, équilibré ou dynamique. L’épargnant prudent souhaite prendre peu de risques de perte en capital dans sa stratégie d’épargne. C’est un profil adapté pour une assurance-vie en monosupport. Le profil équilibré désigne les personnes qui veulent conjuguer sécurité et rendement. Elles souhaitent la rentabilité d’un placement par rapport à la somme investie et sont prêtes à prendre des risques raisonnables grâce à un contrat multisupport. Enfin, les souscripteurs dynamiques veulent maximiser leurs rendements et placements en prenant des risques importants. Généralement connaisseurs des rouages des marchés financiers, ils gèrent librement les placements en unités de compte de leur assurance-vie.

Un seuil de 300 à 500 euros

Enfin, pour tous les autres, il y a la gestion déléguée – appelée aussi gestion pilotée ou sous mandat –, qui, comme son nom l’indique, permet de déléguer complètement la gestion de ses investissements à un professionnel. Dans cette situation, le contrat d’assurance-vie implique trois acteurs : le client, l’assureur, le banquier ou le courtier, et la société de gestion. Pour un contrat d’assurance-vie multisupport souscrit en ligne, il faut disposer d’au moins 300 ou 500 euros d’épargne – en fonction des professionnels – pour prétendre à une gestion pilotée.

Une fois ces éléments posés et le contrat de mandat signé, le gestionnaire investit à la place du client, surveille les marchés financiers et effectue les arbitrages. C’est pourquoi il est indispensable de bien choisir cet expert. Naturellement, il peut s’agir d’un mandataire interne salarié de la banque ou de l’assureur qui a proposé l’assurance-vie. La plupart des compagnies d’assurances offrent ce service. Néanmoins, un nouveau type de mandataire est apparu sur ce marché ces dernières années. Indépendant de la banque ou de l’assurance, le mandataire externe travaille pour une société de gestion de portefeuille. Il assure, en lien direct avec des courtiers, la sélection et la gestion des investissements, que ce professionnel de la finance met en œuvre, avant d’en informer le client.

Des limites d’investissement

En matière de gestion déléguée, des reportings annuels sur le contexte économique et financier, les objectifs de la gestion et le contenu du portefeuille sont obligatoires. De plus, la plupart des professionnels proposent des comptes rendus trimestriels et des échanges annuels avec la société de gestion. “En optant pour la gestion pilotée, vous bénéficiez de l’expertise de professionnels dédiés aux marchés financiers. Leur objectif principal est de générer des performances pour leurs clients”, développe Julie Ruffin. Cependant, le professionnel n’est tenu par aucune obligation de résultat, ni par un nombre précis d’investissements.

En matière de gestion déléguée, le professionnel n’est tenu par aucune obligation de résultat, ni par un nombre précis d’investissements.

D’ailleurs, la fréquence des mouvements n’est pas forcément synonyme de performance. Il est donc tout à fait possible de perdre de l’argent, ou de ne pas en gagner. “Il faut veiller à ce que les allocations proposées soient réellement en architecture ouverte, pour optimiser la recherche de performance sur chaque thématique ou zone géographique”, prévient Catherine Baudeneau.

Des limites d’investissement sont fixées en fonction du profil investisseur du client. Dans les contrats multisupports, “tous les assureurs sont tenus par la loi industrie verte de respecter un pourcentage minimum en supports dits à faible risque, selon le profil de risque de la gestion pilotée sélectionnée par le client, ainsi qu’un pourcentage minimum en supports en unités de compte de la classe d’actifs private equity, toujours selon le profil de risque”, détaille Michel Agou, directeur de l’ingénierie financière à la direction financière de Carac.

Veiller aux frais de gestion

Dans le cadre d’une assurance-vie monosupport, la logique est tout autre. Les clients investissent leur épargne sur un seul fond. L’assureur ou la banque qui est à l’origine de ce placement en supporte alors tout le risque. Le capital de l’épargne est protégé à 100 %. “Tous les rendements réalisés sont définitivement acquis par les épargnants, explique Olivier Sanson, directeur général d’Ampli Mutuelle, dont le contrat d’assurance-vie est réservé aux travailleurs non salariés. L’épargnant ne peut pas perdre de l’argent et les rendements servis sont intéressants, mais, comme le dit l’expression consacrée, les résultats du passé ne préjugent pas des résultats du futur.” Cette sécurité n’est cependant pas accessible à tous. Le ticket d’accès à une assurance-vie de ce type est d’environ 5 000 euros pour une performance entre 0 % et 3 %.

Accroître son épargne d’assurance-vie l’esprit libre, en accordant sa confiance à des professionnels, a un prix. Or, comme les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous, il s’agit pour le client de faire un savant compromis entre le montant de son épargne, ses objectifs, le temps qu’il est prêt à consacrer à gérer ses investissements et, enfin, les frais de gestion.

Si ceux-ci sont trop importants, ils minoreront la performance du contrat. “Les frais de mandat sont prélevés tous les ans sur les unités de compte”, rappelle Myriam Souveton. Généralement, les frais de gestion en unités de compte s’élèvent entre 0,2 % à 0,7 %, auxquels s’ajoutent, pour la gestion pilotée, des frais additionnels. Ces derniers, qui servent à rémunérer l’expert, varient considérablement selon les contrats, la nature des supports d’investissement, les assureurs, etc. Le montant de ces frais n’est pas encadré par la loi, mieux vaut donc réaliser une étude de marché avant d’opter pour la gestion pilotée de son assurance-vie.

Delphine Iweins

Le compromis de la gestion conseillée

Constatant que les clients hésitent devant le coût que peut représenter la gestion déléguée, mais qu’ils craignent également d’avoir à s’occuper seuls de leur épargne, de plus en plus d’acteurs de la finance proposent une alternative : la gestion conseillée. Celle-ci permet de bénéficier des conseils de son banquier, assureur ou gestionnaire de patrimoine, tout en restant libre de réaliser ou non les investissements.

La gestion conseillée est pertinente pour les assurés disposant de quelques connaissances en matière de placements financiers, de gestion de patrimoine et d’économie de manière générale, et qui, après avoir défini leur profil investisseur avec leur conseiller, décident de ne pas lui confier entièrement leur épargne. Le versement d’un montant minimum d’épargne est exigé au moment de la souscription et l’assureur, banquier ou courtier, fixe la proportion minimum d’unités de compte composant le portefeuille.

En revanche, l’assuré est libre de déterminer la nature des actifs dans lesquels il souhaite investir, ainsi que le pourcentage de capital alloué à chaque actif. Il choisit aussi le montant et la fréquence de ses versements. Le conseiller intervient uniquement pour fournir à son client un suivi régulier et lui proposer des ajustements stratégiques. Ces recommandations prennent souvent la forme d’une sélection de fonds, de propositions d’arbitrage. Cette formule demande donc d’être assez averti en matière financière.

L’avantage par rapport à la gestion déléguée ? L’assuré connaît en temps réel le contenu de son portefeuille. Cette formule peut donc être une bonne manière de reprendre la main après une période d’observation sous gestion déléguée, ou en cas d’une sortie proche pour financer un projet. Cependant, le risque est plus élevé car l’assuré reste responsable des décisions d’investissements, même s’il a suivi les conseils de son gestionnaire. Cela implique également de prendre des décisions plusieurs fois par an, et donc d’y accorder un peu de temps.

Retrait de l’assurance-vie : le bon timing

Le contrat d’assurance-vie est considéré comme un produit d’épargne à long terme. Même s’il est possible de retirer son argent, en tout ou partie, à n’importe quel moment, la fiscalité de ce contrat est plus avantageuse après huit années d’ouverture.

Attendre huit ans avant d’effectuer un retrait permet en effet de profiter d’un abattement fiscal de 4 600 euros pour une personne seule et de 9 200 euros pour un couple imposé conjointement. Cet abattement fiscal est valable tous les ans, à condition de retirer son assurance-vie avant le 31 décembre. Attention, le délai de retrait varie d’un acteur à l’autre. Le Code des assurances impose aux assureurs de verser le montant du rachat sur le compte bancaire de l’assuré dans un délai inférieur à deux mois. Les courtiers en ligne prennent généralement quelques jours pour réaliser cette opération. Ce point est spécifié dans le contrat souscrit.

Pour les sommes qui dépassent 4 600 euros ou 9 200 euros, il est vivement recommandé d’étaler le retrait sur au moins deux ans. En effet, au-delà de ces montants, l’assuré réalisant, au-delà de huit ans, un retrait de son assurance-vie, devra faire un choix : soumettre cette somme soit à l’impôt sur le revenu, soit au prélèvement forfaitaire libératoire de 7,5 %. Les plus gros contrats, supérieurs à 150 000 euros, sur lesquels des versements ont été effectués après fin septembre 2017, devront s’acquitter de la flat tax (prélèvement forfaitaire unique) de 12,8 %.

Seules exceptions, il n’y a pas à payer d’impôt sur les gains de l’assurance-vie si le retrait est demandé après un licenciement, une liquidation judiciaire, une mise en retraite anticipée ou la reconnaissance d’invalidité de deuxième ou troisième catégorie.

Enfin, il existe une spécificité pour les fonds en euros. S’ils paient eux aussi l’impôt sur le revenu lors du retrait, ils voient également leurs intérêts soumis à prélèvements sociaux dès la phase d’épargne. Il importe d’y penser dès la souscription.

En 2024 :
- La collecte nette de l’assurance-vie a atteint le record de 29,4 Mds€ (x12 par rapport à 2023 : 2,4 Mds€).
- 62 % des versements ont été dirigés vers les fonds en euros, le reste a été réparti dans les unités de compte.

Source : France Assureurs

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