93 - Transports

Transdev souffle 19 lignes de bus à la RATP en Seine-Saint-Denis

Dans le cadre de l’ouverture à la concurrence du réseau de bus francilien, la société vient de remporter une délégation de service public de huit ans

Transdev souffle 19 lignes de bus à la RATP en Seine-Saint-Denis Transdev récupérera aussi la gestion des dépôts de bus de Flandre (75) et des Pavillons-sous-Bois (93) - © Franck Dunouau

Par Benoît Collet

C’est un camouflet pour la RATP. Alors qu’elle dominait jusqu’ici l’attribution des délégations de service public des lots de lignes de bus, la régie, opérateur historique, a perdu la gestion du lot Ourcq, en Seine-Saint-Denis. Les 19 lignes de bus, comprenant les communes de Montreuil, Bobigny, Pantin, Les Lilas, Drancy, Bagnolet, Bondy, Noisy-le-Sec et Les Pavillons-sous-Bois, seront désormais sous la gestion de Transdev, pour une durée de huit ans.

Sur le lot Ourcq, les 1 850 équivalents temps plein de la RATP vont basculer chez Transdev, ce qui suscite des inquiétudes chez les syndicats de la RATP.

La société anonyme, détenue par la Caisse des dépôts et le groupe Rethmann, verra sa concession débuter au 1er mars 2026, et récupérera également la gestion des dépôts de bus de Flandre, à Paris, et des Pavillons-sous-Bois. Le 10 avril dernier, le conseil d’administration d’Ile-de-France Mobilités, l’autorité attributaire des délégations de service public dans le cadre de l’ouverture à la concurrence du réseau RATP, a validé le contrat de Transdev.

Pour sélectionner les futurs opérateurs, Ile-de-France Mobilités évalue les différentes offres grâce à un score de performance construit à 40 % sur le prix total, 30 % sur la “performance d’exploitation” et 15 % sur la dimension sociale. Le matériel roulant et les dépôts de bus restent propriété d’Ile-de-France Mobilités. “Nous demandons aux opérateurs sélectionnés de s’engager sur un niveau minimum de maintenance”, explique Grégoire de Lasteyrie, vice-président d’Ile-de-France Mobilités.

Inquiétudes sur le front syndical

À partir de mars 2026, une phase de transition d’un an doit permettre à Transdev de s’installer dans cette nouvelle délégation de service public, “le temps de paramétrer les systèmes d’information, d’établir un solide dialogue social avec les agents”, résume Grégoire de Lasteyrie. Sur le lot Ourcq, les 1 850 équivalents temps plein de la RATP vont basculer chez Transdev, ce qui suscite de nombreuses inquiétudes chez les syndicats des agents de la RATP.

Les centrales syndicales craignent notamment de voir la fin de l’avancement tous les quatre ans, la baisse du nombre de jours de repos – 17 de moins selon l’UNSA – ou encore des progressions de carrière limitées, avec par exemple l’impossibilité de basculer sur le réseau de tramway. Pour calmer les inquiétudes, Ile-de-France Mobilités a mis au point un “sac à dos social”, offrant la portabilité des droits et des conditions de travail précédentes. “Nous garantissons également aux agents le maintien du dépôt de bus actuel comme lieu de travail, pour éviter les mobilités forcées”, assure encore Grégoire de Lasteyrie.

Rémunération selon la qualité de service

Sur le fond, Ile-de-France Mobilités défend les bienfaits de l’ouverture à la concurrence, critiquée de toutes parts par des élus de gauche, dont Anne Hidalgo ou Stéphane Troussel, président du département de Seine-Saint-Denis, qui y voient un démantèlement du service public. “Les monopoles, comme celui exercé jusqu’ici par la RATP, s’exercent toujours au détriment des usagers. Je vois des positions idéologiques dans ces critiques. Ce qui nous importe, c’est la qualité du service public”, rétorque Grégoire de Lasteyrie.

“Cette ouverture à la concurrence va permettre d’avoir un dialogue sain. Désormais, si une ligne est mal gérée, nous pourrons mettre l’opérateur en demeure”

Pour rassurer certaines associations d’usagers, qui craignent une dégradation de la qualité de service, Ile-de-France Mobilités a fait évoluer son système de bonus-malus. Chaque année, 10 % de la rémunération des opérateurs dépendra de la qualité de service, évaluée selon le taux de ponctualité, mais aussi grâce à des sondages effectués auprès des usagers et de “clients mystères”.

La RATP, par l’entremise de Jean Castex, a fait part de sa “forte déception” après la perte de ce lot Ourcq, mais aussi d’une dizaine d’autres lignes du sud des Hauts-de-Seine, récupérées par la régie publique milanaise ATM. “Je connais l’engagement de la RATP pour un service de qualité, lui répond Grégoire de Lasteyrie. Mais cette ouverture à la concurrence va nous permettre d’avoir un dialogue sain. Auparavant, il était compliqué d’établir un rapport de force puisqu’à la fin, c’était la RATP qui remportait le contrat. Désormais, si une ligne est mal gérée, nous pourrons mettre l’opérateur en demeure.”

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